L’art coréen est également marqué par l’utilisation de couleurs spécifiques, qui véhiculent des significations profondes et souvent spirituelles. La palette traditionnelle est dominée par des couleurs naturelles et subtiles, telles que le bleu, le rouge, le jaune, le blanc et le noir, qui sont liées aux cinq éléments fondamentaux. Par exemple, le bleu (ou vert) représente le bois, le rouge est associé au feu, le jaune à la terre, le blanc à l’air ou à l’eau, et le noir au métal. Ces couleurs sont souvent utilisées dans la peinture de paysages et dans les objets rituels pour représenter l’harmonie entre la nature et l’homme.
Dans la période moderne, le mouvement Dansaekwa (ou Dansaekhwa), qui a émergé dans les années 1970, a fait éclater cette tradition, en mettant l’accent sur la réduction des formes et l’exploration des textures, souvent au moyen de monochromes. Les artistes du Dansaekwa, tels que Lee Ufan et Park Seo-Bo, ont expérimenté des œuvres principalement composées de variations subtiles de couleurs, souvent limitées à une seule teinte. L’objectif était de déstabiliser les attentes classiques de la peinture et d’encourager une contemplation méditative. L’absence de couleurs vives et la répétition des gestes dans l’application de la peinture invitent à une expérience sensorielle du vide et du silence. Ce mouvement reflète l’influence de la philosophie bouddhiste et confucéenne, où l’accent est mis sur l’harmonie, la simplicité et la recherche d’un équilibre intérieur.

Les œuvres monochromes, caractéristiques du Dansaekwa, se fondent ainsi dans un dialogue entre l’artiste et la matière, explorant les variations infinies d’une couleur ou d’une texture sans recourir à la multiplicité des teintes. Ces créations invitent à une immersion dans un espace où la couleur devient à la fois le sujet et l’objet de contemplation, un élément vital du processus artistique lui-même. À travers le mouvement Dansaekwa, l’art coréen a su transcender les conventions et proposer une nouvelle lecture de l’harmonie et de l’équilibre, réinventant les liens ancestraux entre les couleurs, la nature et l’esprit.